Vers nos côtes sauvages...
Le "Grand Sud" a vu s'écouler,
paisibles et heureuses,
quelques années de mon enfance.
J'habitais là, en bas,
face à l'océan sauvage et merveilleusement bleu...
Les piques-niques du dimanche
nous conduisaient invariablement
plus loin au sud,
lorsque j'y retourne, trop rarement
(même si au fond ce n'est pas bien loin)
j'ouvre un album d'images et de senteurs
qui me raviront jusqu'à mon dernier souffle !
Rien que cette fumée, rayonnant entre les feuilles
des pandanus et portant en fines effluves
l'ambre des viandes boucanées,
m'offre une délicieuse émotion...
L'odeur iodée des vacoas humides,
le grondement du ressac
roulant les lourds galets
au bord d'une plage inhospitalière
sous le regard attentif et protecteur
de la douce Vierge Marie,
touchent une corde de mon cœur créole...
Vous imaginez-vous attendant le bus sous cet abri ?
(comme tout n'est jamais tout rose,
je me sens obligée de vous préciser
qu'il n'est jamais à l'heure ;o)
ou admirant la mer, assis sur ce banc de pierre,
dans l'air salé des embruns
que traversent en vols gracieux
les grands paille-en-queue ?...
(tu aimerais TJ...)
"Flocon de neige égaré dans l'azur"
écrivait notre poète Leconte de Lisle
Je garde un souvenir impérissable
des pique-niques à Basse-Vallée...
Pour se retrouver là,
il n'y avait alors ni kiosque,
ni rambarde de sécurité,
il fallait descendre dans ce creux de verdure...
par un sentier raide qui suivait
la falaise de basalte...
cela a bien changé !
Lorsque j'étais petite,
ces lieux sauvages n'étaient guère fréquentés...
Les flots tumultueux battent
inlassablement la falaise noire et déchiquetée
en une danse sauvage et admirable...
Ce Grand Sud est aussi le berceau
d'un artisanat fort ancien :
on y tresse le vacoa depuis de nombreuses générations !
Lors d'un voyage à la Réunion,
en 1861
Louis Simonin en parle ainsi :
"Ils découpent en lanières les feuilles de vacoa
et les tressent pour en faire des sacs
à contenir le café et le sucre.
Les hommes, les femmes, les enfants
s'occupent sur le devant de leur porte
à ce travail peu fatiguant.
On sera peut-être étonné
d'apprendre qu'il se débite à Bourbon
à peu près pour deux millions de francs
par année, de ces sacs de vacoa."
c'est aussi de ce côté de l'île,
et en suivant la côte vers l'Est,
que vous ne manquerez pas de trouver
de la vanille !
(entre autres gourmandises )
Il faut savoir qu'avant de vous flattez agréablement
les sens olfactifs
la vanille a subit de nombreuses préparations barbares :
échaudage, étuvage, séchage,
mise en malle...
Ainsi elle prendra cette couleur,
exhalera ce parfum délicieux
que nous aimons tous !
N'est-ce pas ?...
Je vous embrasse !